Je sais que les jeunes générations ne jurent que par Ikea, comme dans les années 1960 on ne jurait que par le formica, personnellement je préfère les vieux meubles en vrais bois, en merisier couleur de miel de préférence, patinés par le temps et les passages du chiffon, les coups malencontreux lors de déménagements, percés par endroits par les cossons… Ils ont toute une histoire que Rimbaud, alors jeune poète de 16 ans a magnifiquement raconté dans son poème daté de 1870, intitulé sobrement “le buffet”
“C'est un large buffet sculpté ; le chêne sombre,
Très vieux, a pris cet air si bon des vieilles gens ;
Le buffet est ouvert, et verse dans son ombre
Comme un flot de vin vieux, des parfums engageants ;
Tout plein, c'est un fouillis de vieilles vieilleries,
De linges odorants et jaunes, de chiffons
De femmes ou d'enfants, de dentelles flétries,
De fichus de grand'mère où sont peints des griffons ;
- C'est là qu'on trouverait les médaillons, les mèches
De cheveux blancs ou blonds, les portraits, les fleurs sèches
Dont le parfum se mêle à des parfums de fruits.
- Ô buffet du vieux temps, tu sais bien des histoires,
Et tu voudrais conter tes contes, et tu bruis
Quand s'ouvrent lentement tes grandes portes noires.”