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  le blog alain Barré

Un peu de poésie dans ce monde de brutes, un peu de réalité dans la poésie !

La rumba des ripatons !...

Quand j’étais enfant nous vivions à six dans deux pièces. Cela n’avait rien d’exceptionnel. Il n’y avait pas de chauffage hormis une cuisinière au bois ou à charbon qui servait à préparer les repas. Dès que le froid arrivait, le grand plaisir était de se réchauffer les pieds dans le four de la cuisinière. Il suffisait de rabattre la porte du four. Hélas, la concurrence était rude ! ...

L’hiver, pas question de rester baguenauder sur le pas de la porte comme en été ! Nous nous réunissions autour de l’unique moyen de chauffage, une grosse cuisinière en fonte, avant d’aller nous glisser dans les draps glacés de l’unique chambre qui n’était, elle, jamais chauffée. C’était une vieille cuisinière en fonte bleue, trapue, d’où s’échappait un tuyau qui zigzaguait dans le grenier pour rattraper le conduit d’évacuation. Le repas terminé, nous approchions nos chaises et nous mettions nos pieds sur le couvercle du four, rabattu pour l’occasion. Ainsi, sur cette plaque qui ne faisait que 30 à 40 cm de large, s’étalaient quatre paires de ripatons * s’épanouissant et frétillant sans nulle honte malgré quelques trous aux chaussettes…

 

 

 

Et il s’en passait des choses entre tous ces ripatons entremêlés ! « Eh, pousse-toi de là que je m’y mette ! » Faisait comprendre, sans ménagement, un pied courtaud de garçon à une élégante pointure ballerine ! Timidement, la ballerine s’esquivait puis essayait de s’insinuer entre deux gros panards étalés sans complexes et fumants ! Car il faut dire que si tout ceci se passait en silence, ça n’était pas sans odeur. Un doux fumet de pure laine mouillée et de vieux fond de croquenots vous montait délicatement aux narines !

Parfois, une chaussette, avancée avec trop de témérité dans le four, commençait à dégager l’odeur caractéristique de la laine roussie. Alors chacun reniflait, d’un air inquiet, en regardant successivement ses panards et ceux du voisin ou de la voisine, sans arriver à déterminer, avec suffisamment de précision, d’où pouvait venir le risque. Jusqu’au dernier moment, pas un orteil ne bougeait. Pas question de perdre une bonne place pour de vagues suppositions ! Tout à coup on entendait un « aïe » retentissant et un panard fumant s’extirpait en catastrophe du four, mis sur la touche pour un bon moment. Les autres en profitaient, aussitôt, pour prendre la place et s’étaler confortablement.

Quand les pieds s’étaient réchauffés et les esprits un peu apaisés, maman commençait à nous raconter des histoires. Parfois elle les inventait, parfois elle brodait sur des thèmes déjà connus. Comme mes frères et sœurs étaient plus âgés que moi, ils écoutaient avec un air de contentement mais l’air un peu blasé tout de même. Pour moi, ça n’était pas la même chose et, quand l’histoire prenait un tour trop dramatique je me précipitais sur le torchon à vaisselle qui séchait à côté et j’essuyais de grosses larmes qui coulaient sur mes joues. De temps à autre, mes frères et sœurs, eux aussi, avec discrétion, en prenaient un petit coin pour essuyer une larme furtive. C’est que notre conteuse de mère savait s’y prendre pour nous charmer ou nous faire rire mieux que ne l’aurait fait n’importe quel poste de télé !...

* Ripatons = panards, arpions, pieds, petons, nougats, etc…

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L
non fait pas chaud jl, ça refroidit même...<br /> Mais je me réchauffe à la lecture attachante de ces souvenirs d'enfance si bien racontés. On y est ,devant ce poële, à se chauffer les petons ! J'ai , moi, le souvenir de celui de ma grand-mère, qui servait aussi à l'eau des chauferettes pour bassiner les draps froids... Bises. Sido
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J
 <br /> Un br de 80 ce matin <br /> putain-oué!!!<br /> fait pas chaud par là-bas!!<br /> <br /> :-[<br /> jl
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L
<br />  <br /> <br /> <br />  <br /> <br /> La course à l’échalote s’ouvre à moi ! Un br de 80 ce matin ! Une semaine à tenir le rythme, votre rythme, aussi je compte sur vous. Bises de Sido<br /> Je repasse + tard pour lire
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J
 <br /> ce texte réchauffe également l'intérieur!<br /> jl
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