4 Mars 2008
Chez les primates qui nous sont les plus proches et qui vivent en groupes, comme les chimpanzés, le chef n’est pas seulement celui qui est le plus fort. Des coalitions peuvent se former pour prendre le pouvoir et pour le conserver. On reconnaît là, une ébauche de notre fonctionnement en parti politique. Il existe bien d’autres ressemblances remarquables. Après tout ne sommes-nous pas cousins ? L’une d’entre elles est particulièrement fascinante : l’attitude du chef une fois qu’il est élu.
Un chef, chez nos cousins primates, est toujours le plus en vue, il a un beau poil bien lustré, le regard vif, les plus belles femelles sont à sa disposition, etc… mais, par-dessus tout, on le reconnaît grâce à une attitude particulière : il fait preuve d’une dignité royale en toute circonstance !
En cas de conflit entre ses subordonnés, il se contente de jeter un regard sombre en direction des belligérants. Si ceux-ci ne rentrent pas dans le rang immédiatement, il esquisse un semblant de colère et, ce n’est qu’en dernier recours, qu’il daigne aller sur place pour régler l’affaire lui-même.
Quand on lui manque de respect, le chef n’intervient pas à chaque fois. Il apprécie d’abord la situation : si l’impertinent est un chimpanzé de dernier rang, il ne lève même pas un sourcil, ça n’en vaut pas la peine ! Si l’insolent est plus haut placé dans la hiérarchie, le singe dominant ne se contente pas de faire les gros yeux, il intervient sans tarder quand il sent que son autorité est manifestement bafouée et, dans ce cas, sa colère est terrible.
On l’aura compris, chez nos cousins qui sont de fins diplomates et de fins stratèges, le chef feint de ne pas voir les broutilles et n’intervient que pour ce qui en vaut vraiment la peine. Le slogan qui les dépeint le mieux est « la force tranquille ». Cela ne vous rappelle rien ?... C’est le slogan utilisé par Mitterrand lors de sa campagne victorieuse pour les présidentielles de 1981 ! L’auteur en était un publiciste, J. Segala, qui connaissait ses classiques de primatologie sur le bout des doigts. Le candidat Mitterrand, de face et photographié en légère contre-plongée, scrute l’avenir et la foule de ses électeurs, sur un fond de village tranquille dont le clocher et les toits se fondent dans la brume légère et bleutée du matin… Il est évident qu’un tel chef ne daignerait pas lever un sourcil face à l’insulte provocatrice d’un chimpanzé de dernière zone !... Ce serait faire trop d’honneur à quelqu’un qui n’est rien !
Le bon peuple des singes de première, deuxième et ixième catégorie que nous sommes, connaît aussi ses classiques et il ne pardonne pas à un chef qui ne sait pas tenir son rang. Les politiciens sont des experts en mensonges de tout genre et nous les croyons d’autant plus aisément que nous ne voulons pas entendre la dure vérité, mais leur langage émotionnel et non verbal ne ment pas et nous sommes tous des experts dans la compréhension de ce langage-là !...