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  le blog alain Barré

Un peu de poésie dans ce monde de brutes, un peu de réalité dans la poésie !

CARAVAGE, génie imparfait (42)

1606V2 david et Goliath

Ce tableau est l’un des plus dramatiques et des plus poignants de Caravage. Il porte un message universel qui dépasse de beaucoup les péripéties de son histoire personnelle. Il nous parle de la violence que porte en lui chaque être humain et d’abord de la violence que Caravage porte en lui-même. Caravage est orgueilleux et il fait tout pour avoir le droit de porter l’épée comme les nobles. Il la porte même quand il n’en a pas le droit. Il l’utilise à la manière des nobles pour défendre son honneur. Il se bat pour des prétextes futiles parfois, blesse les autres, est blessé, jusqu’au duel fatidique où il tue son adversaire. A partir de 1597 (le sacrifice d’Isaac), les tableaux qui comportent des scènes violentes, en particulier des « décollations » s’accumulent. Il est vrai que la bible regorge de ce genre de scènes et qu’elles suscitent des émotions fortes chez les spectateurs, capables de les mobiliser pour la « bonne cause » de la religion !
 Cela peut nous paraître barbare, mais en réalité, aujourd’hui, les artistes modernes utilisent le même procédé. On ne compte plus les films qui cherchent à scotcher les spectateurs sur leur chaise en montrant, dès les premières images, des scènes de meurtre toutes plus horribles les unes que les autres pour la bonne cause de l’audimat ! Il faut préciser également qu’à l’époque de Caravage, la mort est un spectacle et les exécutions publiques par la hache ou par le feu ne sont pas rares ! (Il est probable que Caravage ait assisté à l’exécution du savant Giordano Bruno sur le bûcher). Enfin, après 1606, et en particulier lors de sa fuite dans le sud de l’Italie, Caravage a dû se plier au goût de ses commanditaires qui étaient souvent de culture espagnole et pour qui cette représentation de la mort était souvent recherchée.
J'ai fait une reconstitution de ce tableau :
1606V3-alainb-david-et-Goliath.jpg
Caravage cède donc à la représentation de la violence dans ses tableaux.
Il semble nous dire qu’elle n’existe pas que chez les « méchants ». Elle habite également chez les gens ordinaires, en chacun de nous. C’est pour cela aussi que les bourreaux ne sont pas caricaturés comme des gens haineux.
 C’est pourquoi également, Judith qui tranche la tête d’Holopherne,
exprime le dégoût de son geste.
…Et c’est pourquoi également le jeune berger David qui vient de triompher de l’orgueilleux Goliath
n’est pas empli de joie par sa victoire mais empli de doute et de compassion. Il semble dire : « J’ai
tué le violent mais je n’ai pas tué la violence ni en lui ni en moi ! »
_TR11381pepeeclairetoiletexte.jpg
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