Veillée

14 Janvier 2022

La froide nuit d’hiver que nous venons de vivre m’a rappelé une coutume que nous avions autrefois : les veillées. Je me souviens qu’un soir de janvier nous étions allés chez des amis de mon père. La nuit était glaciale. Les étoiles scintillaient dans le ciel comme des petits diamants. Pas de lumière, mais le chemin était éclairé par une pleine lune. Il y avait 2 kilomètres à faire dans la campagne. Il fallait dévaler un coteau, longer la rivière puis la traverser sur un pont brinquebalant. L’aventure au bout du monde pour moi !. .

Les amis de mon père habitaient une vieille maison sans confort, mais ils étaient chaleureux et leur café était toujours prêt. Ils étaient venus pendant la guerre comme réfugiés, sans rien d’autre qu’une petite valise et ils étaient restés. Ils avaient gardé leur accent du nord et étaient aimés de tous. Ils possédaient peu de choses et ce qu’ils avaient, ils le partageaient. Ils étaient de grands fumeurs tous les deux et très vite, la pièce était remplie de volutes bleutées, ce qui ne nous gênait pas, habitués que nous étions à voir tout le monde fumer à cette époque du “gris”, un tabac grossier présenté dans des cubes de papier gris.

Pendant ce temps, nous les enfants nous jouions au “nain jaune”... Nous adorions ces sorties, c’était des soirées merveilleuses qui rompaient avec la routine quotidienne. Il n’y avait qu’une chose difficile, c’était le retour, les paupières se faisaient lourdes, les jambes molles et le froid était encore plus piquant. Comme j’étais le plus petit, il m’arrivait de finir sur les épaules de mon père et de m’endormir profondément.

La vie est ainsi faite de petits souvenirs ou de grands événements et ceux qui sont minuscules s’impriment parfois tout autant. Soixante-dix ans après, je m'en souviens encore !...