13 Février 2012
La vision sombre, tragique des gens de droite s’appuie sur l’idée que l’homme est naturellement égoïste, qu’il recherche le pouvoir d’abord pour lui-même, qu’il privilégie sa famille et ses proches plutôt que des inconnus dans le besoin, que la violence est un trait permanent de la condition humaine, que la méfiance envers les autres est universelle et que la méfiance envers soi-même est également de mise,….
La vision utopique des gens de gauche considère plutôt qu’il n’y a pas de nature humaine définie une fois pour toutes, que le cerveau est une cire vierge sur lequel tout peut s’inscrire, que l’homme est naturellement bon et que c’est la société qui le perverti et qu’il faut donc changer la société pour changer l'homme.
Ces deux visions poussées jusqu’au bout de leurs logiques aboutissent à des catastrophes : Pour les uns, le communisme et ses dizaines de millions de morts dans les goulags ou dans les centres de détention (comme celui de Phnom Penh dirigée par le tortionnaire Duch qui vient tout juste d'être condamné pour sa responsabilité dans la mort de 15 000 détenus) et pour les autres, l'exploitation sans vergogne de l'homme par l'homme, l'impérialisme, le colonialisme, la glorification des riches et des "élites" et le mépris des gens ordinaires.
Ne serait-il pas préférable, pour les gens de gauche, d’accepter la nature animale de l’homme et de reconnaître avec Montaigne et Pascal que « qui veut faire l’ange, fait la bête ! »
Ne serait-il pas préférable, pour les gens de droite, d’accepter que l’homme ne soit pas qu’un loup pour l’homme et que notre espèce est capable également d’empathie, de compassion et de solidarité envers ses semblables et donc de reconnaître que la seule loi implacable et égoïste du marché est insuffisante ?
En réalité une immense étape a été franchie quand les colonies se sont libérés des empires qui les dominaient et que le bloc de l’Est s’est effondré libérant les hommes du communisme, mais il reste encore beaucoup de gens de gauche, nostalgiques de leurs illusions, qui se bercent encore d’utopie et il reste encore beaucoup de gens de droite qui, lorsqu’ils échappent à tout contrôle – c'est-à-dire à une régulation – continuent d’agir comme des prédateurs.
Existe-t-il des solutions ? Accepter les limites des hommes, d'abord les nôtres et les limites de ceux qui nous représentent (ils sont comme nous en pire et en meilleur). Reconnaître également la nécessité d’apporter une aide proportionnée et équitable ( c’est-à-dire qui ne soit pas que de la charité) à ceux qui sont momentanément ou durablement dans le besoin. Aménager des pouvoirs et des contre-pouvoirs et bien d’autres mesures que les inventeurs de la démocratie ont commencé à expérimenter depuis plusieurs siècles,…
Cela ne suppose évidemment pas qu'il y ait un parti unique. Une gauche et une droite puissantes sont nécessaires ainsi que d'autres partis qui entretiennent l'émulation. Une seule condition : qu'ils respectent les règles de la démocratie. Celles-ci peuvent évoluer. Pour la période difficile que nous traversons et pour les années à venir, il me paraît indispensable (entre autres réformes) d’oser fixer des limites à nos inconséquences et de fixer dans la constitution l’obligation de ne pas dépasser un certain taux d’endettement (pour l’Etat, les régions, les départements et les autres collectivités locales). On comprend que cela soit une obligation pour les particuliers qui achètent une maison, cela devrait l’être encore plus pour l’Etat ( à un pourcentage qui reste à déterminer) ! De la même façon, la nécessité pour l’Etat d’établir un budget équilibré ne devrait pas être laissée à l’initiative des élus mais être une obligation légale. (De telles obligations existent bien au niveau européen mais on se rend compte qu'elles ne sont pas respectées car émanant d'une institution jugée trop lointaine et bureaucratique ?)
En démocratie la tentation de la démagogie est telle que sans ces mesures élémentaires de précaution ceux qui nous dirigent (de droite comme de gauche) sont capables de mener le pays à sa perte pour satisfaire leurs ambitions personnelles et celles de leur parti !