23 Mai 2011
"...Car il faut juger ces hommes qui voudraient tenir le peuple en tutelle. Ils ont aussi des passions, et bien visibles. Cette folie du luxe, cette soumission aux femmes brillantes, cette éloquence puérile qui cherche l'applaudissement; cette injustice dans le détail, qui leur semble naturelle; ces marchandages, ces services échangés, cette indulgence aux intrigues, cette faiblesse devant les flatteurs; cet art des grandes affaires qu'ils apprennent si vite; enfin cette ivresse de la puissance que je devine au son de leur voix. Voilà nos sages. Voilà ceux qui prétendent décider si leur peuple est mûr pour la liberté. Mais lisez donc l'histoire. Voyez ce que furent presque tous les rois et presque tous les ministres pendant des siècles. Si les locomotives étaient conduites comme l'Etat, le machiniste aurait une femme sur les genoux. Nul n'est digne du droit, voilà le fondement du droit."
ALAIN, Propos II, Pléiade, n° 234, p335
ALAIN a publié ce "propos" - sorte de chronique de blog avant l'heure - le 4 janvier 1914. Evidemment il parle de
temps révolu et rien de ce qu'il dit ne pourrait s'appliquer à la situation d'aujourd'hui !