7 Avril 2007
Quand on parle du "pays de Châteaubriant" en Loire-Atlantique, tout le monde sait qu'il ne s'agit pas de la région natale de l'écrivain romantique que l'on étudie en classe de seconde, mais d'une région agricole, un peu isolée, située à égale distance de Nantes, Laval et Rennes (60 Km). Ce n'est pas une région très fréquentée par les touristes. Ils ont tort : la campagne y est somptueuse et l'on y trouve quelques sites passionnants à visiter.
Tout d'abord, en ces temps où l'on entend beaucoup parler de prise d'otages, j'ai voulu revisiter un lieu célèbre qui a donné son nom à l'un des cours des plus fréquentés de la ville de NANTES : le cours de 50 otages.
René-Guy CADOU était instituteur à Louisfert, dans un petit village de Loire Atlantique. Le 22 octobre 1941 il voit passer trois camions de l'armée d'occupation allemande. Dedans il y a 27 hommes, 27 otages choisis pour venger la mort d'un officier victime d'un attentat à Nantes. Ils seront fusillés peu de temps après dans une carrière située sur la commune de Châteaubriant (sur la route de Laval). Simultanément une trentaine d'autres otages seront fusillés à Nantes. Cadou a écrit un poème sur cet épisode tragique. Un poème qui immortalise ces 27 hommes (le plus jeune, Guy MOQUET avait 17 ans ) et qui est un hymne magnifique et émouvant à la fraternité et à la liberté.
Ils sont appuyés contre le ciel
Ils sont trente appuyés contre le ciel
Avec toute la vie derrière eux
Ils sont plein d'étonnement pour leur épaule
Qui est un monument d'amour
Ils n'ont pas de recommandations à se faire
Parce qu’ils ne se quitteront jamais plus
L'un d'eux pense à un petit village
Où il allait à l'école
Un autre est assis à sa table
Et ses amis tiennent ses mains
Ils ne sont déjà plus du pays dont ils rêvent
Ils sont bien au-delà de ces hommes
Qui les regardent mourir
Il y'a entre eux la différence du martyre
Parce que le vent est passé là où ils chantent
Et leur seul regret est que ceux
Qui vont les tuer n'entendent pas
Le bruit énorme des paroles
Ils sont exacts au rendez-vous
Ils sont même en avance sur les autres
Pourtant ils disent qu'ils ne sont plus des apôtres
Et que tout est simple
Et que la mort surtout est une chose simple
Puisque toute liberté se survit
Les fusillés de Châteaubriant de Réné-Guy Cadou
(Pleine Poitrine 1946)Tous les attentats n'ont pas la même valeur, les otages non plus. Dans le cas présent, l'attentat visait un officier et non pas des populations civiles, il visait également une armée d'occupation et une idéologie, le nazisme que tout être humain doit réprouver. L'attentat est toujours l'arme des faibles contre les forts. Si l'on peut comprendre les attentats des résistants français contre les occupants nazis, qu'en est-il des attentats palestiniens contre des femmes et des enfants israéliens et des attentats contre la population irakienne ? Comment distingue-t-on un héros qui fait un acte de résistance d'une crapule qui assasine des victimes innocentes ? Et qu'est-ce qu'une juste cause ?...