22 Novembre 2006
PETIT GLOSSAIRE DES EXPRESSIONS TOUTES FAITES A L'USAGE DES "PSY" ET AUTRES TRAVAILLEURS SOCIAUX.
On ne fera jamais aussi bien question « langue de bois » que les politiciens mais d’autres professions s’y entendent également à vous bourrer le mou avec de belles paroles creuses. Pour ce qui est de la mienne voici un petit florilège d’expressions toutes faites et de phrases creuses qui parsèment les réunions de travail.
Quand il s'agit d'un cas embarrassant mais que l'on n'a pas envie de passer pour un imbécile, tout en évitant de se mouiller : dire d'un air convaincu, le regard perdu dans le vague : "ça m'interpelle..." ou "ça m'interroge..."
Si l'on attend de vous que vous teniez un rôle actif dans la résolution du problème, dites plutôt, l'air toujours aussi convaincu, mais le regard moins vague : "ça NOUS interpelle..." ou "ça NOUS interroge..."
Si un participant du groupe ou un collègue par trop naïf ou trop insistant, vous demande où ça vous interpelle, où ça vous interroge ?...Précisez, avec une certaine condescendance : "quelque part..."
Méfiez-vous cependant des petits imitateurs qui depuis quelque temps copient les "psy" et disent à tout bout de champs : "quelque part ça m'interroge..." ou "ça m'interpelle quelque part..." C'est ainsi que les plus belles formules se dévaluent ! On peut dire aussi : "c'est un questionnement..." et, surtout dans le cas où vous n'avez pas envie de sortir de votre inaction : "c'est un questionnement sur notre pratique..." (Nota Bene : ne dites jamais "c'est un questionnement sur MA pratique...". On ne sait jamais jusqu'où cela pourrait vous mener !)
Pour camoufler votre inaction faites parfois appel à des formules chocs... Gargarisez-vous de temps à autre de : "sur un plan pratico pratique..." ou encore : "positionnons-nous sur la problématique du sujet..." La "problématique" du sujet est d'ailleurs forcément complexe, et si l'on vous fait le reproche que les problèmes de la personne n'évoluent pas, sachez ramener vos contradicteurs à des considérations moins bassement matérielles. Que savent-ils de "la castration symbolique …? » du "rôle du phallus…» du "jeu du miroir" et du "je du miroir"... Assénez-leur l’estocade finale en déclarant que : "supprimer trop tôt le symptôme ce serait se laisser leurrer par une illusion quasi psychotique de toute puissance" et d'ailleurs "le symptôme, chassé par une porte rentrerait forcément par la fenêtre...", il réapparaîtrait "ailleurs…" où ? "quelque part..." précisément. Et la boucle est bouclée !
Il faut dire qu’à entendre certains, « l'analyse n'est jamais terminée… » il faut donc encore du temps… 1 an, 2 ans, dix ans… « et la guérison viendra par surcroît". C’est simple, il suffit de ne rien faire et d’avoir la foi !
A quoi sert le jargon ? Chez les psys comme ailleurs, parfois à approfondir la connaissance, mais souvent aussi à camoufler l’incompétence !