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  le blog alain Barré

Un peu de poésie dans ce monde de brutes, un peu de réalité dans la poésie !

Angelo t'allait si bien... (8/11)

 ...Léa était interloquée, mais qu’Angelo soit italien ou arabe, cela lui paraissait sans importance maintenant. Il lui avait paru sincère, il l'avait émue et, plus important que cela, elle avait senti que des liens mystérieux s'étaient noués entre eux. Il était en danger et elle voulait le sauver. Elle réalisa que ceux qui avaient agressé son nouvel ami disposaient sans doute de son adresse. Ils étaient  en possession de son sac à main. Son appartement avait peut-être déjà été fouillé, il ne fallait pas y retourner. Elle prit une décision :

- Je vous donne rendez-vous dans un quart d’heure au cimetière pour chiens, dans le terrain près de la gare sud, à Malakoff. J’ai mis les objets en lieu sûr et je ne vous donnerai rien tant que je n’aurai pas revu Angelo. Je veux qu’il soit présent à la petite porte d’entrée sur le côté.

- D’accord, laissez votre téléphone allumé. Nous resterons en contact tout le long du chemin, n’arrêtez pas de parler, dites-nous précisément les endroits par où vous passez…nous vous surveillons.

Léa commença à marcher en direction du cimetière. En chemin, elle pensa jeter son cabas dans une poubelle considérant qu’un gadget de détection électronique avait été déposé dedans mais l’occasion ne se présenta pas. De temps à autre la voix qui l’avait interpellée, lui répétait d’un ton menaçant :

 - C’est bien, madame Arabis, vous êtes dans la rue Aragon Voyez nous ne vous quittons pas des yeux !… continuez…

 Léa ne doutait pas qu’il y ait une étroite surveillance autour d’elle mais elle avait beau jeter des regards furtifs, elle ne remarquait rien de suspect. Elle marchait d’un pas vif.

 Elle me précise : je connaissais parfaitement le chemin, je l’avais emprunté des dizaines de fois. Quand Phox est décédé, ma sœur qui ne s’était jamais intéressé à lui auparavant, s’était tout à coup sentie prise d’une affection débordante. Etait-ce le remord ?... Elle avait beaucoup insisté pour qu’il soit enterré dans un cimetière pour chiens ! j’ai d’abord trouvé cette idée parfaitement saugrenue, puis j’y ai adhéré et, depuis je rends de fréquentes visites à ce lieu tranquille, sans prétention où s’étale en définitive plus de chaleur humaine que dans bien d’autres cimetières pour homo sapiens patentés !

Elle avait fini par sympathiser avec le gardien, un homme encore jeune qui avait été dresseur de chiens de défense en Afrique. Il assurait, pour des sommes rondelettes, la protection des personnes et des entreprises, souvent pour des européens très riches. Il avait vécu des années de bonheur là-bas partageant son temps entre son travail qu’il adorait, une salle de boxe où il entraînait des jeunes prêts à tout pour percer et une superbe maison entretenue par plusieurs domestiques. Il avait eu de nombreuses maîtresses rencontrées dans les fêtes et boîtes de nuit, où l’on sait s’amuser en Afrique. Jusqu’au jour où il était tombé amoureux d’une Africaine. Envoûté il était, elle lui avait jeté un sort disaient ses amis ! À partir de là tout était allé de mal en pis. Elle l’avait amené à boire. Il était devenu de plus en plus dépendant de l’alcool, il accumulait faute professionnelle sur faute professionnelle, sa clientèle l’avait fui. Ils avaient fini par se marier. Il avait tout vendu et étaient venus en France. En quelques mois le reste de leurs économies était dilapidé et il avait dû se remettre au travail. Le seul métier qu’il connaissait était la surveillance et le dressage de chiens. Mais ce qui en Afrique était une profession respectée et rémunératrice était, ici, dans cette vieille Europe policée, une profession plutôt tenue en mépris et mal payée. Sa femme l’avait quitté et il s’était mis à traîner dans les rues, relégué au rang de sans-abri, sans travail, un clodo…Léa avait souvent discuté avec cet homme encore jeune marqué par les stigmates de la vie et par les coups reçus lors de sa carrière de boxeur. Elle l’avait soutenu moralement quand il était au plus bas et parlait de quitter cette vie, elle lui avait prêté de l’argent quand il avait fallu opérer l’un de ses chiens. Un minuscule local lui avait été aménagé sur une entrée latérale du cimetière et il vivait là avec ses deux bêtes dont la seule présence était suffisante pour dissuader les voleurs de piller les quelques objets de valeur que l’on trouve dans ce curieux cimetière...

 

 Elle reprend : j'arrive au cimetière. Une voiture noire, tous feux éteints,attend près de la porte d'entrée...

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C
C'est de la torture pour une impatiente comme moi !!!
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