6 Mars 2018
Il y a de cela près de 40 ans, je me rendais à Pompéi, ville mythique qui me fascinait. Peu de temps après avoir franchi la frontière, la voiture, qui commençait à donner des signes de fatigue depuis un certain temps, se met à zigzaguer. Deux italiens qui arrivent en face, à bord d’une minuscule « topolino » ( la fiat de base, affectueusement appelée « petit rat » ou "pot de yaourt") nous font de grands signes affolés...
Nous nous arrêtons pour constater le mal incurable qui frappe notre petite Dauphine et nous repartons à quatre plus quelques bagages dans le « petit rat », serrés comme dans un costume trop petit ! Direction le camping le plus proche où nos deux nouveaux amis ont dressé leur tente. Un lieu idyllique, les pieds dans l’eau, où s’entassent des familles italiennes bruyantes et au nombre élastique, frères, cousins venant s’ajouter aux occupants de grandes toiles déjà bien remplies. Nous avons passé 15 jours de bonheur, à faire la fête, à jouer, à nous baigner, à chanter et à discuter interminablement jusqu’à deux heures du matin !
Luigi était membre du très officiel Parti Communiste Italien et son ami Marco était membre d'un très contestataire parti d'extrême gauche : deux frères ennemis ! Tous deux avaient abandonné leurs études (l’un était prof d’histoire et l’autre étudiant en lettres) pour travailler à la Fiat où ils faisaient de « l’agit-prop ». De temps à autre, ils quittaient le camping, dans la topolino commune, et s’en allaient distribuer des tracts et semer la bonne parole aux portes de l’entreprise, à Turin.
Chacun de son côté, ils haranguaient le flot des ouvriers qui rentraient à l’usine et s’invectivaient par organisation politique interposée. Une fois cette noble tâche terminée, ils revenaient au camping, toujours dans le « petit rat » - car ils étaient officiellement en vacances - et reprenaient leur costume de campeur : slip et serviette de bain. Tout était de nouveau prêt pour de longues soirées de discussion et de bonnes parties de rigolades.
Tout ceci pour dire que je n’avais toujours pas vu Pompéi. Quarante ans plus tard, mon voeu s'est accompli ! Première surprise, la ville (ou plutôt les villes, car il y en a eu plusieurs superposées) est surélevée et entourée de hauts remparts ! il faut monter pour arriver sur une sorte de plateau.
On y accède par la caserne des gladiateurs située juste avant le grand théâtre.
On ne peut pas décrire en quelques lignes, les 700 ans d’histoire d’une ville qui a compté plus de 20 000 habitants. De nombreux sites et de superbes livres et DVD vous diront tout ce que vous voulez savoir sur le sujet : http://jpdruine.free.fr/pompei/ .
On peut par contre raconter l’émotion ! Passé les premiers temples, forums, amphithéâtres et autres thermes dont les Romains ont laissé les traces dans tous leur empire (y compris jusqu’en Mayenne sur le superbe site de Jublains), on se retrouve tout simplement dans des rues, au cœur de la vie quotidienne.
Les passages piétons sont toujours là !...
les bars où l’on vend à boire et tout ce qu’il faut pour se restaurer, également, dans l’un on a même retrouvé la recette de la journée : 683 Sesterces !
Certaines maisons portent encore le nom de leurs propriétaires, des murs sont couverts de graffitis ... Les fresques sont un peu pâlottes mais toujours reconnaissables. On a le sentiment que, tout à coup, des Romains vont sortir, arpenter les rues, reprendre leurs conversations et leurs activités. L’impression est saisissante !... (Pour ceux qui connaissent Ephèse (en Turquie), on retrouve des points communs mais Ephèse ne présente pas avec autant de force évocatrice ce caractère d’intimité, de ville fantôme qu’un coup de baguette magique va animer.)
Aucun guide n’oublierait de vous faire visiter un lupanar (il y en avait une vingtaine annoncés par des graffitis de "sexes-indicateurs")
ni de vous faire frémir en contemplant, sous verre, des corps pétrifiés par les cendres du volcan. Sans doute faudrait-il flâner encore longtemps dans cette ville surgie du passé, mais l’on n’est pas seul à faire la visite, c’est le moins que l’on puisse dire !... D’autres groupes arrivent. Ciao Pompéi !...
Je reviendrai dans quarante ans, à moins que Luigi et Marco…