11 Janvier 2008
« Les qualités requises pour parvenir au pouvoir sont rarement celles qui sont nécessairees pour l’exercer ! » Depuis peu les sciences humaines s'intéressent à la psychologie des hommes et des femmes qui exercent le pouvoir (à la demande de l’armée, des chefs d’états, des diplomates et des candidats aux élections). Et l'on commence même à étudier cette discipline dans les facultés européennes.
Les résultats sont passionnants et assez conformes aux intuitions que l’on pouvait en avoir.
L’outil d’investigation le plus utilisé est le questionnaire de Million qui évalue la personnalité des personnages politiques sur 12 dimensions :
Domination
Ambition
Audace
Extraversion
Soumission
Humilité
Opposition
Méticulosité
Inhibition
Retrait schizoide
Méfiance
Instabilité
Pou les hommes comme pour les femmes, on ne trouve pas beaucoup de personnalités timides, introvertis, modestes et humbles au sommet du pouvoir !
Pour les hommes, les scores les plus élevés se concentrent sur les thèmes de la domination, de l’ambition, de l’intrépidité, de l’extraversion et de la méfiance. L’item « conscience » (intégrité, moralité) est, par contre assez peu développé.
Chaque pays présente des particularités et des variantes sans que le profil général en soit profondément affecté. Ainsi aux USA, il semblerait que, pour être élu, le candidat à la présidence doive présenter un fort taux d’extraversion.
Les femmes de pouvoir présentent également des caractéristiques spécifiques. Leurs scores sont particulièrement élevés dans les domaines « Audace » et « Domination ». Les psychologues « profileurs » estiment que ces qualités sont nécessaires aux femmes pour percer dans un milieu essentiellement masculins où les ambitieux déjà très expérimentés ne manquent pas !
L’autoritarisme des femmes de pouvoir (Thatcher, Bhutto, Golda Meier, Clinton, et notre Ségolène !...) est bien connu. Il serait une réaction à la réputation de douceur que l’on attribue au sexe féminin. Pour s’imposer il leur faudrait en prendre le contre-pied alors que cela n’est pas nécessaire à leurs collègues mâles !
Ces « qualités » peuvent devenir de graves défauts dans certains cas. Tous les dirigeants sont « méfiants » mais quand leur méfiance tourne à la paranoïa (comme pour Staline par exemple) les dégâts peuvent être épouvantables ! Tous les dirigeants croient en leur génie (avec des phases dépressives semble-t-il pour beaucoup d’entre eux) mais quand cela tourne à la mégalomanie, bonjour les dégâts !
Enfin, l’isolement du pouvoir peut très bien induire une coupure insidieuse d’avec la réalité qui engendre une ignorance de la vraie vie des citoyens (en psychologie, on parle d’un retrait schizoïde). Cela mène le pays droit dans le mur (c’est peut-être ce qui est arrivé au shah d’Iran ?...)
Pour en savoir plus, vous pouvez lire l’ouvrage de Pascal de SUTTER : « Ces fous qui nous gouvernent » et l’article
qu’il a écrit dans la revue « Cerveau et psycho » de janvier 2008. Dans cet article, il dresse les profils très réussis, de Ségo et de Sarko (réalisés 1 an avant
l'élection).