21 Septembre 2017
Certains pensent que l’homme est doué de raison et que c’est cela qui le distingue des autres animaux. En réalité nous portons en nous des passions contradictoires forgées par des centaines de milliers d’années d’évolution et nous posons les mots de la raison sur les sentiments les meilleurs qui nous habitent, mais aussi sur les pires et c’est ainsi que les terroristes justifient le meurtre de personnes innocentes. L’observation des sociétés de singes, comme l’a fait Frans de Waal dans ses livres : le singe en nous ou la politique du chimpanzé, nous en apprend plus sur ce que nous sommes que la lecture des livres de morale ! Quoique déjà au XVIIe siècle, le philosophe Pascal disait, paraphrasant Montaigne, “Qui veut faire l’ange fait la bête !”
Cette pensée, souvent citée, est souvent tronquée. La voici dans son intégralité :
“ Il est dangereux de trop faire voir à l’homme combien il est égal aux bêtes, sans lui montrer sa grandeur. Il est encore dangereux de lui trop faire voir sa grandeur sans sa bassesse. Il est encore plus dangereux de lui laisser ignorer l’un et l’autre. Mais il est très avantageux de lui représenter l’un et l’autre.
Il ne faut pas que l’homme croie qu’il est égal aux bêtes, ni aux anges, ni qu’il ignore l’un et l’autre, mais qu’il sache l’un et l’autre.
L’homme n’est ni ange ni bête, et le malheur veut que qui veut faire l’ange fait la bête.
S’il se vante, je l’abaisse ; s’il s’abaisse, je le vante ; et le contredis toujours, jusqu’à ce qu’il comprenne qu’il est un monstre incompréhensible.
Que l’homme maintenant s’estime à son prix. Qu’il s’aime, car il y a en lui une nature capable du bien ; mais qu’il n’aime pas pour cela les bassesses qui y sont.”
PASCAL, Pensées