26 Mars 2015
Au temps des veillées, nous avions les jambes cuites, et froid dans le dos, mais l'amitié, d'une maison à l'autre, donnait une chaleur nouvelle qui nous mettait en joie.
L' écureuil et le lièvre jouaient dans les contes, aux chiens, aux carnivores, milite tours imparables. Les sangliers et les blaireaux grognaient sous la porte, dans le vent de l'hiver.
Le loup, le loup-garou, se venaient asseoir dans chaque creux d'ombre. Au fond du bûcher, une bête noire se léchait le nez, et l'on pouvait l'entendre.
On poursuivait les lents travaux de tresse, châtaignes, maïs, noix et laine, et pendant ce temps-là, une paix d'âge d'or couvait la maisonnée.
A l'heure des blagues, entre cidre et marrons, on pouvait voir le sourire des filles, et les vieux s' éveiller. Ce pays perdu, au fond de moi dissimulé, qui nous l'a mis en terre ?
Michel-François LAVAUR
(dans Aubiat, éd. Friches, 2005)