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  le blog alain Barré

Un peu de poésie dans ce monde de brutes, un peu de réalité dans la poésie !

Jean FERRAT chante ARAGON : j'entends, j'entends...

 

 J'en ai tant vu qui s'en allèrent 

Ils ne demandaient que du feu 
Ils se contentaient de si peu 
Ils avaient si peu de colère 

J'entends leurs pas j'entends leurs voix 
Qui disent des choses banales 
Comme on en lit sur le journal 
Comme on en dit le soir chez soi 

Ce qu'on fait de vous hommes femmes 
O pierre tendre tôt usée 
Et vos apparences brisées 
Vous regarder m'arrache l'âme 

Les choses vont comme elles vont 
De temps en temps la terre tremble 
Le malheur au malheur ressemble 
Il est profond profond profond 

Vous voudriez au ciel bleu croire 
Je le connais ce sentiment 
J'y crois aussi moi par moments 
Comme l'alouette au miroir 

J'y crois parfois je vous l'avoue 
A n'en pas croire mes oreilles 
Ah je suis bien votre pareil 
Ah je suis bien pareil à vous 

A vous comme les grains de sable 
Comme le sang toujours versé 
Comme les doigts toujours blessés 
Ah je suis bien votre semblable 

J'aurais tant voulu vous aider 
Vous qui semblez autres moi-même 
Mais les mots qu'au vent noir je sème 
Qui sait si vous les entendez 

Tout se perd et rien ne vous touche 
Ni mes paroles ni mes mains 
Et vous passez votre chemin 
Sans savoir que ce que dit ma bouche 

Votre enfer est pourtant le mien 
Nous vivons sous le même règne 
Et lorsque vous saignez je saigne 
Et je meurs dans vos mêmes liens 

Quelle heure est-il quel temps fait-il 
J'aurais tant aimé cependant 
Gagner pour vous pour moi perdant 
Avoir été peut-être utile 

C'est un rêve modeste et fou 
Il aurait mieux valu le taire 
Vous me mettrez avec en terre 
Comme une étoile au fond d'un trou

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S
<br /> <br /> Oublié d'ajouter qu' Aragon me va droit au coeur, car ses poèmes quelles que soient les circonstances qui ont présidé à leur écriture ( enfer des armes, compassion, amour) sont assez intemporels<br /> pour qu'on puisse les faire nôtres. Marque de tous les "grands".<br /> <br /> <br /> <br />
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S
<br /> <br /> <br /> "Mais les mots qu'au vent noir je sème <br /> Qui sait si vous les entendez"<br /> <br /> <br /> c'est un magnifique texte, dont je retiens au passage, par sensibilité, ce qui précède, mais chaque mot pèse lourd<br /> dans l'esprit et le coeur. Je pense à cette citation d'Hegel  "rien de ce  qui est humain ne m'est étranger" qui résume à elle seule Jean Ferrat.<br /> <br /> <br /> Merci pour ce beau rappel en poésie.<br /> <br /> <br /> Bises<br /> <br /> <br /> <br />
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