8 Avril 2011
- Nous autres les êtres humains nous nous tenons des discours sur la réalité qui nous éclairent autant qu’ils nous aveuglent ! Ainsi, l’esprit embué par des mots trompeurs, nous passons à côté de merveilles sans les remarquer. A l’inverse d’autres mots éveillent notre esprit à des beautés qui, sans eux, nous seraient restées cachées. Toute notre vie est ainsi tissée du fil des idées, les nôtres propres croisées avec celles des personnes que nous rencontrons. Elle est tissée aussi de fils invisibles car cette navette traverse l’épaisseur du temps….
- Alors s’il en est ainsi, nous formons un seul cerveau, une pensée unique ?...
- Ce n’est pas exactement ce que je veux dire. Mais il est vrai que parfois le discours devient tellement totalisateur qu’il ne nous laisse plus aucune liberté. C’est le cas du discours des sectes. Il arrive que ce soit aussi celui des religions, des partis politiques et des idéologies. La plupart du temps la trame reste ouverte, diverse et chatoyante et nous tissons des liens avec la plus grande variété des êtres humains. L’étoffe est alors comme un patchwork de paysages variés. A contrario elle peut perdre aussi sa consistance et devenir si ténue et si lâche qu’elle n’est plus qu’une ombre évanescente et malade de la pensée. C’est pour éviter ce désastre que certains tiennent des discours rassembleurs qui restaurent les liens, les ordonnent, les normalisent, les régulent, les resserrent, les resserrent encore et encore, tant et si bien qu’ils finissent par étrangler de nouveau toute velléité de penser….
- Si je vous comprends bien, trop d’incertitudes dilue la pensée et nous amène au bord du gouffre et trop de certitudes la fige et nous rend borné !
- Oui, la pensée est une trame vivante et volontiers rebelle. Elle a besoin d’espace pour circuler et de liberté pour s’épanouir...