Rédigé par alainbarresfr@sfr.fr et publié depuis
Overblog
Judith et Holopherne, 1598-99, Rome, galerie nationale d’art antique, palais Barberini
Pour sauver sa ville assiégée par le général Holopherne, Judith, une jeune, riche et belle veuve
juive, se rend dans le camp adverse, séduit et enivre son chef qu’elle décapite pendant son sommeil.
Comme souvent, Caravage fait de nombreuses références classiques :
- La torsion du buste d’Holopherne, s’inspire du Laocoon
- Judith rappelle les amazones antiques
- et la vieille femme, une vieille républicaine romaine caricaturée à la manière de L de
Vinci.
Le visage de Judith exprime, en même temps, du dégoût pour ce qu’elle fait
et de la détermination.
Le contraste entre le beauté de la jeune veuve (même modèle que pour sainte
Catherine) et la laideur de la servante est en accord avec les théories sur l’art préconisant les contrastes et les oppositions inattendus (les surréalistes retiendront
la leçon).
Rien de réaliste dans la façon dont la gorge est tranchée et dont le sang gicle, mais les
spectateurs pouvaient se glisser dans la peau des personnages tant leurs expression sont bien choisies et vivantes. L’art de Caravage consiste beaucoup dans la
perception du moment clé de l’action et dans son rendu le plus expressif possible.
La scène est cruelle et l’on a souvent affirmé
qu’elle était l’expression d’une personnalité anormalement violente et même sadique chez Caravage.
Il faut relativiser et savoir qu’à cette époque de la
contre-réforme les « représentations d’actes de cruauté passaient pour un excellent moyen d’inciter à la piété et
à l’édification » et les murs des églises abondaient en scènes horribles.