28 Octobre 2006
Au lieu de dire « Tu occupes toutes mes pensées ou tu remplis mes rêves », Paul Eluard, ce grand poète mort en 1952, écrit dans « L’amoureuse » : « Elle est debout sur mes paupières… » et cela change tout ! Cette image, même les enfants la comprennent ainsi que ceux qui ont gardé leur âme d’enfant. Eluard a supprimé l’élément de comparaison « comme ». Il le sous-entend, et cela rend la présence encore plus forte. La présence de « l’amoureuse » n’est pas comme une pensée que l’on contrôle mais comme une réalité qui s’impose, une obsession, une ritournelle dont on ne peut se défaire,…
Que dit le poète ? Tu es toujours là, je ne peux détourner le regard, tu occupes tout l’espace de ma vision et de mes rêves, qu’ils se déroulent les yeux fermés ou les yeux ouverts… « Tu es toujours debout sur mes paupières !... » Magie des mots quand il sont choisis par un grand poète !
Elle est debout sur mes paupières
Et ses cheveux sont dans les miens
Elle a la forme de mes mains,
Elle a la couleur de mes yeux
Elle s'engloutit dans mon ombre
Comme une pierre sur le ciel.
Elle a toujours les yeux ouverts
Et ne me laisse pas dormir.
Ses rêves en pleine lumière
Font s'évaporer les soleils
Me font rire, pleurer et rire,
Parler sans avoir rien à dire.