Le premier, plein d’ironie, vaut autant pour les cadres surmenés d’aujourd’hui que pour ceux de l’ancien Empire du Milieu. Il leur rappelle qu’ils n’ont qu’une vie et que la réussite sociale, professionnelle n’est pas le seul but que l’on peut se fixer… Après une courte vie familiale, période pendant laquelle il a des responsabilités à la cour de l’empereur, Han Shan s’installe, au 8ème siècle, sur une chaîne de montagne au sud de la baie de Hang Chow, à la pointe est de la Chine, proche des côtes de la mer de Chine. Il y vit en harmonie avec la nature, dépourvu de tout… sauf de l’essentiel : le ciel au-dessus de sa tête, les nuages et les montagnes alentour. Ouvert à toute rencontre et percevant la petite lueur de la joie jusque dans les pires malheurs et ressentant l’aiguillon de la peine dans les plus grandes joies : une peu de yin dans le yang, un peu de yang dans le yin… ainsi va Han Shan. Ses écrits, douze siècles après, sont parvenus jusqu’à nous… Voici deux de ses poèmes :
« Je vois les hommes de ce monde
Chacun lutte contre l’autre,
Puis un jour soudain il meurt
Alors, juste un lopin de terre,
Quatre pieds de large
Sur douze pieds de long !
Si jamais vous parvenez à en sortir
Pour venir lutter à nouveau,
C’est promis,
Pour vous j’édifierai une statue ! »
Un autre, où il nous propose un art de vivre : Ne pas refuser la difficulté mais savoir s’en accommoder, négocier entre nos désirs, notre volonté et la dure réalité. Tout l’art du Zen est là…
"J'avais envie d'aller sur les falaises de l'est
Depuis combien d'années j'ai oublié.
Hier j'ai décidé d'y grimper en m'agrippant aux lianes
A mi-chemin la bise et le brouillard me bloquent
Le sentier est étroit, mon vêtement s'accroche, difficile de continuer
Dans la mousse spongieuse la chaussure n'avance pas
Je m'arrête alors sous un cannelier rouge
Posant la tête sur un nuage blanc, je m'endors !"
Reviens Han Shan, nous manquons d’hommes et de femmes comme toi !...
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chris 11/09/2006 20:30