Ronsard n'est pas un poète précieux, ou snob comme l'on dirait aujourd'hui. Il parle directement, franchement de ce qu'il aime : l'amour, et de ce qu'il
redoute : la mort ! Sous un air léger et un peu superficiel il cache une réflexion profonde sur la vie et sur le temps qui passe. Il faut oser dépoussiérer les pages du Lagarde et Michard (le manuel de français du
lycée, dans les années soixante), pour comprendre qu'il garde une allure étonnamment moderne.
Il faudrait peu de choses pour le remettre au gout du jour. Les poètes de ce siècle
feraient bien de s'en inspirer au lieu de « s'alambiquer » l'esprit à la recherche de mots tordus ! Mais, ne soyons pas injuste, certains le font déjà...
Quand en songeant ma folâtre j'acolle
Quand en songeant ma folâtre j'acolle,Laissant mes flancs sur les siens s'allonger,
Et que, d'un branle habilement léger,
En sa moitié ma moitié je recolle !
Amour, adonc si follement m'affole,
Qu'un tel abus je ne voudroi changer,
Non au butin d'un rivage étranger,
Non au sablon qui jaunoie en Pactole.
Mon dieu, quel heur, et quel consentement,
M'a fait sentir ce faux recollement,
Changeant ma vie en cent métamorphoses !
Combien de fois, doucement irrité,
Suis-je ore mort, ore ressuscité,
Entre cent lis et cent merveilles roses !

véro 01/11/2008 13:02