Comment fait-on pour se souvenir ? Comment fonctionne la mémoire ? Que se passe-t-il quand elle est en panne ?
Ces questions sont passionnantes et l’on commence depuis les années 1980 à y répondre.
L’une des hypothèses s’appuie sur les travaux de James MacClelland, un chercheur américain, qui s’est opposé à l’approche symbolique dominante de son époque. Pour la plupart des cognitivistes, le cerveau fonctionnait comme un ordinateur, c'est-à-dire d’une façon séquentielle, en traitant un problème après l’autre, comme nous le faisons lorsque nous classons des animaux par exemple : c’est un animal qui a des écailles, il vit en eau douce, c’est un poisson, etc… Les ordinateurs ont servi à comprendre le fonctionnement de notre intelligence et, dans un certain nombre de domaines ils sont devenus plus intelligents que nous ! C’est le cas pour ce jeu inventé par les Perses bien des années avant que l’ordinateur n’existe : le jeu d’échec ! À son grand désespoir, le champion du monde Kasparov, fut vaincu par Deep Blue, l’ordinateur d’IBM, en mai 1997 ! Jour de deuil pour l’humanité raisonneuse !!...
Heureusement nous ne sommes pas que des êtres de raison (ça se saurait !...), nous avons aussi des « tripes ». En
l’occurrence, les tripes de l’intelligence ce sont nos neurones et l’incroyable réseau de connexions qu’ils forment entre eux !
Il faut imaginer un neurone comme un câble électrique qui se terminerait par un bouquet de fils, les dendrites, qui peuvent chacun se connecter à un ou plusieurs dendrites d’un autre neurone. Ainsi de relais en relais, l’information circule.
A chaque fois qu’un circuit : neurone-dendrite-neurone-dendrite-… est activé, il laisse une empreinte, rendant ainsi plus facile l’activation suivante (comme des chemins dans l’herbe qui, au fur et à mesure des passages, deviennent plus visibles). Peu à peu se créent ainsi des réseaux, imprimés avec plus ou moins de vigueur. Par exemple, quand on refait un geste mille fois pour apprendre un accord de guitare, les réseaux des neurones et dendrites concernés, gardent une trace de plus en plus forte et de plus en plus précise. Notre mémoire , affirme J MacLelland, ne réside pas dans un endroit particulier du cerveau mais dans ces innombrables réseaux qui s'entrecroisent et se superposent... (à suivre)