Le programme de Hollande présente beaucoup de mesures intéressantes, comme celui de Mitterrand en son temps (100 mesures
pour ce dernier, 60 pour Hollande), mais comme celui de son mentor et modèle, il pèche sur un point essentiel : il risque d'aggraver le déficit ! Mitterrand avait été obligé
de se rallier à des mesures d’austérité suite à la dégradation accélérée de la situation économique provoquée par son programme. Le risque est grand qu’il en aille de même pour
Hollande !... Cela ne condamne pas ce dernier. Le rejet de Sarkozy est tel, qu’il n’y a sans doute pas d’autres voies que de passer par la voie de
gauche ! C’est ce que qu’à fait l’Allemagne et c’est un socialiste, SCHROEDER, qui a su faire accepter les réformes douloureuses et nécessaires pour son pays. Il
arrive que la gauche soit mieux placée que la droite pour imposer des changements difficiles : question de ton et de tempérament et de
nuances dans leurs bases électorales, car dans le fond – et c’est un signe de bonne santé démocratique - droite et gauche ont des programmes qui se ressemblent sur
l’essentiel (l'économie de marché) ! Leur alternance n’est pas une calamité, bien au contraire, elle empêche que ne se
généralisent, les favoritismes, les coups tordus et autres malversations, les uns corrigeant les erreurs des autres et...en ajoutant de nouvelles ! Toutefois on peut se poser la
question : Hollande aura-t-il l’audace – comme l’a eu Mitterrand – d’imposer un changement de cap si la situation l’exige ? Saura-t-il faire passer la
fidélité à son pays avant la fidélité à son parti ?
La solution préconisée par les socialistes et par Hollande consiste surtout à relancer l'économie
(par des mesures étatiques, banque d'investissement,...) et à augmenter les impôts (pour les riches). Cette dernière proposition plaît toujours car « les
riches » ce sont toujours « les autres ». Malgré son aspect démagogique, cette mesure est utile. Elle est nécessaire mais insuffisante. Pour trouver des ressources à
la hauteur de notre dette il faut d’abord (ou en parallèle) dépenser moins. Les mesures à prendre pour dépenser moins sont toujours très impopulaires car elles s’attaquent aux « avantages acquis » et à ce
que beaucoup de citoyens considèrent comme une conquête irréversible : l’État Providence.
L’État Providence est une invention anglaise de l’immédiat après-guerre. Il s’est généralisé progressivement à toute
l’Europe non communiste. Depuis 30 ans nous en finançons les revenus par la dette et cette dette, aggravée par la crise, est aujourd’hui devenue insupportable et nous enfonce, de plus en plus, la
tête dans l’eau.
Pour comprendre la marge de manœuvre dont disposera le futur chef de l’État, on peut comparer notre situation à
celle des inventeurs de l’État providence : les anglais.
- Allocations
chômage :
o FRANCE : elle s’élève à
57,4% du salaire brut sur 24 mois (36 mois pour les plus de 50 ans). Plafond 5970 €
o ROYAUME-UNI : 300 € pour 182 jours maxi.
-
Allocations familiales :
o FRANCE : 126 € pour 2 enfants et
160 € par enfant supplémentaire
o ROYAUME-UNI : 88 € pour le
premier enfant puis 58 € par enfant supplémentaire
-
Minima sociaux :
o FRANCE : RSA à 467 € par mois pour une personne
seule
o ROYAUME-UNI : 300€ par mois pour une personne
seule
-
Régime de retraite :
o FRANCE : l’âge légal de départ à la retraite va être porté
de 60 à 62 ans d’ici 2017 et de 65 à 67 ans pour avoir le taux plein. Décote jusqu’à 25% s’il manque des années de cotisations.
o ROYAUME-UNI : l’âge de départ à la retraire va passer de 65
à 66 ans en 2020 pour les hommes (et de 60 à 66 ans pour les femmes)
-
L’État providence français est le plus généreux de toute l’Europe et l'un des plus injustes ! Il reste donc des marges de manœuvre au futur
chef de l'Etat. Comment peut-on justifier, en temps de crise, de donner 5970€ à un chômeur ? Des allocations familiales à toutes les familles quels que soient leur
revenus ? D'avoir une sécurité sociale qui profite plus aux classes moyennes qu'aux pauvres ?....
Nous serons amenés à faire des économies sur ces points, mais aussi sur bien d'autres
(Sécu, réduction du train de vie de l'Etat et du nombre des fonctionnaires,...) conditions de base pour améliorer notre compétitivité, relancer notre économie et
espérer pouvoir diminuer durablement le chômage !....
On comprend pourquoi ni la gauche ni la droite ne veulent vraiment en parler. Très vite ces grands partis trouvent un bouc émissaire et se lancent dans de grands discours "généreux"
(pour la gauche) ou « responsables » pour la droite (L’extrême droite Lepéniste et l'extrême gauche Mélenchonniste ne font que caricaturer les
défauts – sans les qualités - des deux grands partis. C'est leur manière d'attirer à eux ceux qui se sentent exclus les ouvriers et les chômeurs ).
Pas de solution miracle car les partis de droite et de gauche sont imparfaits -comme les hommes qui les composent
- et la démocratie est elle-même un système imparfait, mais on n'a pas inventé mieux ! A moins qu’un homme courageux comme Schroeder ou un peuple courageux comme les anglais affrontent la
difficulté ?… Les grecs ont préféré tricher (avec notre assentiment hypocrite) et baisser les bras, les italiens ont préféré confier leur sort à un technicien de l’économie –
c'est-à-dire à un non-politique – les espagnols et les portugais sont dans la mélasse et ne savent pas quoi faire pour s’en sortir…
Et nous, français quelle solution allons-nous trouver ?... D’abord « sortir le
sortant » et puis après ?... Laissons sa chance à l'"entrant", mais peut-être nous faudra-t-il en passer par un revirement enrobé de jolis mots comme en 1983 ?... . Après tout, c’est
peut-être cela notre manière d'être, le génie français : refuser l'évidence jusqu'au bout puis utiliser la magie du verbe pour faire avaler les couleuvres ??...