"Pourquoi notre langage courant, si aisé pour tout autre usage, devient-il obscur et inintelligible dans un contrat et un testament (...) Pourquoi si ce n'est que les princes de cet art, s'appliquant avec une attention particulière à choisir des mots solennels et à constituer des formules artificielles, ont tellement pesé chaque syllabe, épluché chaque espèce de "couture verbale" que les voilà empétrés et embrouillés dans l'infinité des formes de langage...."

 "...Nous avons en France plus de lois que tout le reste du monde réuni (...)

Les lois les plus désirables sont celles qui sont les plus simples et les plus générales ; et je crois même qu'il vaudrait mieux ne pas en avoir du tout que de les avoir en nombre tel que nous les avons..."

   "Il n'est désir plus naturel que le désir de la connaissance. Nous faisons l'essai de tous les moyens pour nous y mener. Quand la raison nous manque, nous y employons l'expérience qui est un moyen plus faible et moins noble ; mais la vérité est une chose si grande que nous ne devons dédaigner aucun moyen susceptible de nous y mener. La raison a tant de formes que nous ne savons pas à laquelle nous attacher ; l'expérience n'en a pas moins..."

" L'homme n'est heureux que de vouloir et d'inventer. Cela se voit dans les jeux de cartes ; il est clair, d'après les visages, que chacun contemple alors sa propre puissance de délibérer er de décider ; il y a des Césars de la manille !..."

 "On devrait bien enseigner aux enfants l'art d'être heureux. Non pas l'art d'être heureux quand le malheur vous tombe sur la tête ; je laisse cela aux stoïciens ; mais l'art d'être heureux quand les circonstances sont passables et que toute l'amertume de la vie se réduit à de petits ennuis et à de petits malaises."

Alain, propos sur le bonheur

 "Pour moi donc, j'aime la vie telle qu'il a plu à Dieu de nous l'octroyer. Je n'exprime pas le désir qu'elle fut exempte de la nécessité de boire et de manger, et je commettrais, me semble-t-il, une faute non moins excusable en désirant qu'elle l'eut double !..."

 Christian NAVIS nous offre un deuxième volume de ses tribulations qui mêlent aventure, ethnologie et géopolitique vécue dans une Afrique tourmentée par les mouvements ethniques, les rébellions et les agissements plus ou moins contrôlés des services secrets américains et français. Ce deuxième opus s'intitule précisément "Profession : Aventurier 2, folles errances en Afrique", éditions Edilivres.

En escale à Djibouti sur son voilier, l'auteur reçoit une étrange proposition : aller de nuit, en avion, récupérer au coeœur du Soudan des agents américains infiltrés ou des notables hostiles au régime de Khartoum. L'affaire paraît lucrative et les risques minimes. Certes il faut survoler l'Erythrée et l'Ethiopie alors en guerre, mais l'espace aérien soudanais est peu surveillé et le danger tient plus du relief que des hommes. Pourtant, entre opérations bâclées et incidents avec les milices, deux atterrissages forcés seront le point de départ de louvoyages en territoire hostile et d'aventures peu banales pour rejoindre la civilisation en utilisant toutes les ressources locales

Ethnologue, navigateur, pilote, journaliste, Christian Navis est un personnage atypique. Aussi à l'aise avec un clavier qu'avec un Colt 45. Après de longues errances sur tous les continents, narrés dans ses précédents ouvrages, il fut à la fin des années 80, un des derniers grands aventuriers de la mer rouge

Un bon livre d'aventures qu'on lit d'une traite, au premier degré, mais qui entr'ouvre aussi des fenêtres sur les rapports humains.

 "C'est une perfection absolue et pour ainsi dire divine que de savoir jouir de son être. Nous cherchons d'autres manières d'être parce que nous ne comprenons pas l'usage des nôtres, et nous sortons hors de nous parce que nous ne savons pas le temps qu'il y fait. 

De même est-il pour nous inutile de monter sur des échasses, car sur des échasses il faut encore marcher avec nos jambes. Et sur le trône le plus élevé du monde, nous ne sommes encore assis que sur notre cul !"

 MONTAIGNE est un épicurien, ce qui signifie qu'il s'opposait aux stoïciens qui encourageaient à supporter la douleur sans la fuir. Les épicuriens ne se précipitaient pas à sa rencontre. "No stress" comme on dirait aujourd'hui ! Il faut profiter de ce que nous offre la vie. Prendre le temps de vivre, prendre son temps !...

 "Esope, ce grand homme, vit son maître qui pissait en se promenant ; Quoi donc ? fit-il. Nous faudra-t-il chier en courant ? "