Pourquoi le Front National se développe-t-il ?
La crise a provoqué l'augmentation du chômage et de la pauvreté. Les classes sociales les plus aisées résistent assez bien, les jeunes les plus diplômés et les mieux instruits aussi, les salariés en CDI et les fonctionnaires également (ils sont protégés du licenciement par leur statut). Par contre, les plus fragiles, les moins instruits, les emplois précaires ou mal payés (qui sont nombreux) et ceux qui ne peuvent faire appel à la solidarité familiale, souffrent énormément.
Dans ces conditions, les partis populistes s'épanouissent. Ils progressent presque dans toute l'Europe (comme après la crise de 1929) sur des bases identiques :
- Repli sur les frontières nationales et rejet de l'Europe
- Rejet des immigrés
- antilibéralisme et anticapitalisme
- dénonciation des élites "corrompues"
- retour à des valeurs morales d'un passé jugé idyllique.
La plupart de ces partis sont d'extrême droite sauf en Grèce et en Espagne.
En France, le Front National, depuis le retrait de son créateur, s'est aligné, pour l'essentiel, sur les autres partis populistes européens.
- Il a conservé l'orientation anti-immigration initiée par son père fondateur
- et accentué une orientation nationaliste et anti-européenne depuis la venue de Marine Le Pen et de Florian Philippot qui a été formé dans le parti du ministre de gauche : Chevènement.
- et développé une orientation antilibérale et anticapitaliste proche de celle de Mélenchon.
Il peut ainsi ratisser large, vers tous ceux que la crise a fragilisés et qui se sentent abandonnés ou rejetés. Le Parti Communiste a joué ce rôle en son temps, quand son score flirtait avec les 20 % (il avait fini par entrer au gouvernement avec les socialistes). Il faut donc accepter que les électeurs du FN soient aussi respectables que les électeurs du PC en leur temps, d'ailleurs il arrive assez fréquemment que ce soit les mêmes !
Pourquoi n'est-ce pas l'extrême -gauche mélenchonniste qui a profité de cette colère populaire ? Ses propositions ne sont pas très éloignées de celles des frontistes sauf sur un point majeur : l'immigration. Or le sentiment est fort, en particulier parmi les ouvriers menacés de chômage, que les « étrangers sont des concurrents qui viennent leur prendre leur travail ». Dans une autre partie de la population, un puissant sentiment islamophobe s'est développé sur la base d'un racisme anti-arabe plus virulent que le racisme anti-italien ou anti-polonais d'autrefois et exacerbé par le terrorisme islamiste. Les deux courants se sont rassemblés.
Quand la droite était au pouvoir, la gauche et les syndicats ont tout fait pour empêcher les réformes et, depuis que la gauche est au pouvoir, la droite ne lui apporte qu'un soutien mou quand elle fait des propositions qui vont dans le bon sens. Ces manières de gens nantis sont perçues comme du mépris par ceux qui souffrent le plus de la crise et les dénonciations anti-racistes pleines de grands sentiments sont souvent ressenties comme étant inutiles et suspectes.
On peut espérer que l'irruption du Front National sur la scène politique amènera les politiciens de gauche et de droite à cesser leurs jeux stériles et à prendre enfin leurs responsabilités car c'est bien à eux de conduire notre pays et non pas à des aventuriers d'extrême-droite ou d'extrême-gauche dont les dérapages risquent d'être plus coûteux que les maux qu'ils dénoncent !
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Yvette 27/12/2014 17:48
Aredius 27/12/2014 09:59
alain BARRE 27/12/2014 13:27
Aredius 27/12/2014 09:48